date : 2006
Ceintures de Comportement
Voici le travail sur les ceintures de comportement de pimprenelles dans l'esprit où elles ont été présentées au GPI 31 au mois de juin.
Ont participé au chantier Ceintures : Hélène, Jean-Christophe, Sandrine, Alexis, Vincent, Valérie et 3 visiteurs du GPI 31 (Fabien , Guillaume et Michèle)
Nous avons essayé de construire ensemble des ceintures de comportement en posant d'abord quelques préalables.
Il s'agissait pour nous de mettre à disposition de nos classes un outil efficace dans la perspective pour les élèves :
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De susciter le désir de grandir
-
De s'exercer à la responsabilité
1er préalable :
Puisqu'on parle d'outil, il ne nous a pas semblé anodin de préciser que :
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D'une part, pour s'en servir, il valait mieux en avoir besoin
-
Deuxièmement, il n'est pas inutile d'apprendre à s'en servir
Tout ça pour dire, mais ceux qui les pratiquent le savent forcément, qu'à part le fait de décorer (joliment) un mur, les ceintures de comportement ne sont rien sans le Conseil, les métiers, les ateliers, le journal scolaire, les enquêtes… et toutes les formes de travail coopératif qui les rendent nécessaires.
Pour nous, les ceintures sont « partie d'un ensemble »
2ème préalable :
Confrontant nos ceintures (pour certains d'entre nous, elles étaient déjà en place dans nos classes), il nous est d'abord apparu que le consensus était difficile à trouver (pour ne pas dire improbable), chaque classe étant différente, les cycles également de même que les besoins. Il a donc fallu nous mettre d'accord sur des compétences attendues chez des élèves dans une classe à l'école et à des âges différents. Pour citer F. Oury « nous ne prétendons pas à une codification du comportement normal de l'écolier à tel âge, généralisable à la France entière » et à inscrire dans les programmes obligatoires de l'école primaire.
En clair, même si elles intriguent les visiteurs dans nos classes comme pourrait intriguer une découverte scientifique, les ceintures de comportement ne sont pas un outil scientifique.
C'est ce qui nous a amené à reprendre les termes « d'ordinaire » ou « habituellement » après une compétence citée.
3ème préalable (et non des moindres) :
Même si on pourrait croire que les ceintures de comportement vont résoudre les problèmes d'autorité et de discipline (et faire à la place du maître ou de la maîtresse autorité) les ceintures ne sont pas un instrument pour punir ou pour sanctionner… Nous pensons cependant qu'en PI, les ceintures de comportement peuvent faire autorité.
Dans le même sens, il ne s'agissait pas pour nous de faire entrer l'élève dans le moule des ceintures et de l'emprisonner dans un rôle (ou une position) décidé par l'adulte une fois pour toutes. Ce n'est pas le caractère des enfants qui nous intéresse.
Les préalables étant donnés, nous avons questionné les deux axes de travail cités au début : Grandir et devenir responsable
Le premier nous a conduit à réfléchir à la question de la place de chacun dans une classe.
Si on les écoute, tous les enfants sont « ceinture noire en comportement ».
Notre travail revient donc, je cite à nouveau F. Oury, « à légaliser (faire accepter par le groupe) ce qui semble à première vue pour l'enfant une injustice, une entorse à la règle égalitaire et uniforme ». On pourrait le résumer par cette formule :
Chacun a une place
Mais chacun à sa place
Une condition nécessaire pour grandir, c'est de savoir à quelle place on se situe et on nous situe, dimension travaillée dans la PI : D'où je parle ? Qui me parle ? Qu'est-ce que je fais là ?
Pour beaucoup d'enfants, ce premier moment de la reconnaissance (alors que l'attitude générale du groupe vis-à-vis de chacun est précisée) va être capital pour ne plus se considérer et être considéré comme un « bolide » (dans le sens où l'utilise F. Imbert) ou un « électron libre ». Plusieurs extraits de textes présentés au choix de texte en cours d'année qui vont être lus pendant notre présentation font appel à cette question de place. Pour d'autres, plus habitués à se taire et à se fondre dans la masse, elles indiquent qu'on s'intéresse à eux, personnellement, individuellement et dans le groupe…
Le deuxième axe, celui des responsabilités, nous a amenés sur la difficile question du pouvoir. Il nous a donc fallu essayé de préciser ce qu'on a le droit de faire et ce qu'on doit savoir faire, en partant du principe :
Pas de compétence sans pouvoir, pas de ceinture sans droits associés. Qui peut faire quoi ? Et pourquoi ?
Précisons d'abord que Tous ont accès au pouvoir dans le groupe, c'est-à-dire :
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Tous ont une couleur de ceinture
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Personne n'en est exclu, sauf très rares cas, exceptionnellement et temporairement après décision du Conseil
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Descendre de couleur de ceinture, dans le champ de la PI, n'est pour nous pas envisageable.
Ceinture rose :
Compétences : Droit associé
Je travaille quelquefois
Je suis propre d'ordinaire Je peux choisir un métier rose
J'essaie de respecter les interdits
Remarques :
- « Je suis propre d'ordinaire »… Pour des CM2 ?! Donne le droit d'accès à l'école maternelle. Même si ils ont tous cette compétence, ça peut être important d'en être conscient.
- Des métiers en fonction des couleurs ? « Les barrières, ça donne de la liberté » Édith Héveline. Donner envie à un enfant de faire un métier, un métier de grand…
- Des ceintures adaptables à toutes les classes ? Peut-on le faire ? Faut-il toutes les couleurs dans toutes les classes ?
- Tous les enfants ont une ceinture ? Oui, au moins la rose.
- « J'essaye de travailler » ou « je travaille quelquefois » ? Je fais ce que je peux… parfois…
- -« pas de compétence sans pouvoir » (Marc Deschamp au GTPI Rouen)
Ceinture Blanche :
Compétences : Droits associés
Je travaille Je peux choisir un métier blanc
Je suis propre
Je respecte les lois affichées dans la classe (habituellement)
Remarques :
- Un âge pour chaque ceinture ? Noire = adulte, rose = maternelle, Blanc = CP… ?
- La loi, les interdits, la violence… Qu'est-ce qui est violence ? Lois ou interdits ? En tout cas, nous les affichons dés le début de l'année : La violence est interdite, on ne se moque pas, on est en classe pour travailler, chacun a le droit de se sentir bien dans son corps, son cœur, ses affaires… Respecter la loi : trop dur pour un blanc ? Lorsque les lois sont formulées en interdits, c'est peut-être plus simple à comprendre pour les enfants. L'interdit arrive avant la loi… L'intime… C'est aussi une violence quand on oblige ?
- Travail demandé : minimum obligatoire…
Ceinture Jaune :
Compétences Droits associés
Je ne gêne pas le travail des autres je peux présider un lieu de parole
J'ai un métier je peux choisir un métier jaune
Je participe en classe *je peux sortir seul de la classe au moment des récréations, midi et 5 heures (cycle 3)
Remarques :
- « je travaille sans gêner », ça fait deux compétences ! Donc, je ne gêne pas le travail des autres.
- A partir de jaune, on n'a plus le même rôle à jouer dans la classe. Les métiers jaunes sont des métiers de parole, associés aux présidences, aux rituels… C'est un rôle dans une institution de la classe, un métier qui met en jeu la parole. Attention, avoir un métier est un droit, bien le faire, une compétence demandée pour la ceinture orange.
- Je peux sortir seul… Prise de risque de l'adulte responsable. A voir…
Ceinture Orange :
Compétences Droits associés
Je fais bien mon métier je peux présider un moment du Conseil
Je travaille en équipe (atelier, travail coopératif)
Je parle au Conseil Je peux demander une responsabilité
J'aide parfois Je peux être chef d'équipe
*Je peux rester en classe sans l'adulte
Remarques :
- En orange arrivent les responsabilités. Elle est demandée par l'enfant au Conseil, elle ne peut pas s'imposer : attention à ne pas se servir des enfants ou à ne pas stopper le désir. C'est trop difficile d'être responsable d'élèves pour un enfant, c'est le rôle du maître… Les responsables ont un pouvoir de décision, ils gèrent leur responsabilité et en répondent au Conseil. On peut mettre en place dans la classe des réunions de responsables…
- On peut éviter d'utiliser le terme « responsable » avant orange. On pourra dire « répondant »… Un responsable c'est différent de chef d'équipe.
- Parler en classe ? dans les institutions, au Conseil… Parler ou participer ? Je parle au Conseil, ça on peut le demander, ça aide à faire fonctionner la classe. Au « Quoi de neuf ? », c'est pas pareil, en séance de numération, ça pourrait être lié au niveau de math. Donc, la compétence demandée est « je parle au Conseil »
- Je peux rester en classe sans l'adulte, mais on se met hors la loi…
Ceinture verte :
Compétences Droits associés
J'ai été chef d'équipe Je peux présider au Conseil
J'ai une responsabilité *Je peux diriger une équipe hors classe
J'ai plusieurs métiers Je peux circuler dans l'école seul
Je propose des solutions pour la classe au Conseil
Je sais aider
Remarques :
- Comment décliner « je parle au conseil » ? Parler, participer efficacement ? Flou… Proposer des solutions. OK. C'est ça qui fait véritablement fonctionner le conseil.
- Avoir plusieurs métiers, bien les faire c'est bleu.
- Là, on peut laisser un gamin circuler dans l'école librement, on a confiance car il a fait ses preuves mais… on n'a pas le droit !
- Jamais de responsable mathématique : la le responsable des apprentissages, c'est le maître ou la maîtresse.
- Avoir été chef d'équipe au moins une fois, c'est déjà beaucoup, on reconnaît ça en vert.
Ceinture Bleue :
Compétences Droits associés :
Je sais présider au Conseil Je peux diriger un moment classe sans le maître
Je suis un chef d'équipe reconnu (au Conseil)
Je suis un responsable reconnu (au Conseil)
Je fais bien mes métiers Je suis tuteur d'une ceinture plus petite
Remarques :
-« Être reconnu » par le Conseil, c'est flou mais en même temps quand c'est le cas, ça doit se voir, se sentir ! ça doit être unanime. C'est une pratique qui s'impose sur la durée.
Tuteur, le mot juste ? S'occuper d'un élève en particulier, l'aider bien et souvent
Distribuer le pouvoir, ce n'est pas le perdre ! (Irène Laborde, dans le BI)
Ceinture marron :
Numéro 2 (suppléant du maître)
Remarques :
-Le n°2, ça doit être très rare, peut-être dans une classe qu'on suit en PI sur plusieurs années…
Ceinture Noire :
- L'adulte, le maître, nous
- A nous de voir, en fonction des pouvoirs que nous avons en tant qu'adulte responsable dans une classe, quels pouvoirs nous sommes prêts à partager, de la marron à la rose.
NB : Les extraits des textes lus au cours de la présentation ne sont pas dans ce compte-rendu déjà long…
Conclusion :
Avant de conclure, un petit point sur un moment important : le passage des ceintures.
Pour beaucoup d'entre nous, c'est un moment fastidieux : le fait de reprendre chaque compétence pour chaque élève dans un Conseil spécial ceintures ne nous satisfait qu'à moitié. Nous étions quand même tous d'accord sur deux points :
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Le responsable de la classe attribue les premières ceintures de comportement et peut exercer son droit de veto pour les passages en cours d'année.
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Les ceintures se passent au Conseil et l'avis de la classe est demandé
Différentes modalités de passage des ceintures :
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Un Conseil Spécial Ceintures : chaque compétence est citée et est soumise à l'avis de la classe avec arguments et preuves à l'appui
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Au Conseil, l'enfant s'inscrit pour demander à passer une ceinture.
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Au Conseil, le maître lit toutes les compétences correspondant à une ceinture et demande l'avis de la classe pour l'élève concerné. (pratique dans le cas où les élèves connaissent bien chaque compétence)
Certaines compétences ne posent pas problème, les preuves sont faciles à trouver (j'ai un métier, je travaille d'ordinaire…). Pour d'autres, la vigilance au jour le jour s'impose (l'observation des élèves en classe, les traces qu'on peut garder, les notes écrites… et l'avis de la classe argumenté d'exemples restent précieux).
L'enfant est-il capable de… Pendant le passage à une ceinture plus grande, il peut être utile de ne pas perdre de vue les droits et pouvoirs qui lui seront associés.
Nous avons également gardé à l'esprit que passer une ceinture était un moment particulier dans l'année scolaire d'un élève. Elles ne se donnent pas, elles se méritent. Il n'y a aucune raison éducative à attribuer une ceinture à un enfant qui n'a pas encore les compétences demandées. C'est justement à cette condition qu'elles pourront faire autorité.
Pour finir, nous dirons que le travail est loin d'être fini : nous avons peu travaillé sur les ceintures marron et noire, nous avons eu du mal à définir le statut de chef d'équipe, nous avons peu parlé de la façon dont étaient organisés les ateliers et le travail coopératif dans nos classes… Cela pourrait être l'occasion d'un prochain chantier…
Nous avons également soulevé un problème sous forme de frustration :
Le suivi des élèves sur une seule année scolaire ne permet sûrement pas de travailler en profondeur la fonction première des ceintures de comportement : aider à grandir. Notamment pour développer un aspect dont nous avons parlé au cours de nos rencontres : le tutorat. Mais cela nécessiterait une réelle coopération dans les équipes pédagogiques…
Un grand merci aux voyageurs de GPI 31 (Michèle, Guillaume et Fabien) qui nous ont aidés à débroussailler le terrain et à nous sortir de quelques impasses.
L'EPIRENEES