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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
auteur : G. Mangel
date : 1990

Annexes : un projet


Ce document rend compte de la première d'une série de réunions destinées à faire classer le collège en Zone d'Education Prioritaire. Cette réunion comprenait des représentants de toutes les tendances qui s'étaient fait connaître. Les participants étaient tous volontaires.

1. MÉTHODE ET PRATIQUES PÉDAGOGIQUES :

La question qui se pose en fonction du parcours des uns et des autres semble être : "faut-il des classes fondées sur le principe de l'homogénéité ou de l'hétérogénéité ? " Pour éviter de se perdre en longs et infructueux débats, nous avons préféré proposer une structure qui permet te à chacun de trouver sa place dans le projet. Il paraissait évident qu'un tel projet ne pourrait être réservé à tel ou tel groupe de pensée, donc qu'il ne devait pas se bâtir sur un mécanisme d'exclusion... Nous avons donc retenu comme principe que chaque unité pédagogique se construirait autour d'une équipe disposant d'une certaine autonomie. Il est clair, cependant que si certaines unités ont choisi l'homogénéité, celle-ci n'existera que par matière (en effet, si des classes entières sont homogènes quelle que soit la discipline, le risque est d'obtenir des filières ségrégatives allant à l'encontre de la lutte contre l'échec scolaire). Il faudra donc prévoir et accepter la "perméabilité" d'un groupe de niveau à un autre en fonction des résultats de chaque élève et de ses progrès. Mais quel le harmonisation existera entre les unités et quels élèves mettra-t-on dans chaque unité ?

2. STRUCTURES :

Le schéma ci-dessous rend compte de la manière la plus brève de l'état d'avancement du projet : COLLÈGE Unité 1
Equipe 1
principes :
Homogénéité groupes de niveau.

Unité 2
Equipe 2
principes :
Hétérogénéité de toutes les classes
principes :

Unité 3 ? Unité 4 ? Unité 5 ? Unité 6 ?

Des questions restent posées :

Que faire s'il n'existe qu'un enseignant pour une matière ? Dans le projet de groupes de niveaux, quand et comment sera assurée la "perméabilité" ? Quand et comment va-t-on débattre des projets de chaque équipe ? Comment ces équipes seront-elles constituées ? Comment intégrer les nouveaux venus ?

EXTRAITS DU PROJET FINAL

Aboutissement d'une longue réflexion, le projet final compte plus de 40 pages dont un chapitre important de statistiques qui fondent la nécessité d'un changement profond, un autre qui donne les orientations détaillées d'une nouvelle organisation de l'enseignement en maternelle et dans les écoles élémentaires. Je ne reproduis ici que la partie concernant directement le collège. Le texte est parfois maladroit dans le style. Plusieurs rapporteurs qui n'avaient pas l'habitude de rédiger y ont travaillé. Le lecteur voudra bien attacher son attention au fond plus qu'à la forme.

COLLÈGE ET S.E.S.

1. OBJECTIFS GÉNÉRAUX.

Lutter contre l'échec scolaire et tenter d'inverser la situation actuelle.
Mener chaque élève le plus loin possible avec une variété maximale de moyens et de méthodes.
Permettre dans le collège des structures d'éducation et des pédagogies différentes.
A l'intérieur du collège, développer des unités pédagogiques permettant à des équipes d'enseignants de se déterminer de manière autonome par rapport aux activités et aux objectifs proposés.
Offrir des situations susceptibles de lever les inhibitions, de responsabiliser l'élève, de lutter contre le sentiment d'échec ou le refus de l'école (qui induit le refus de la société).
Faire du collège un lieu de vie, un lieu d'éducation en permettant aux parents, aux éducateurs aux intervenants extérieurs, aux travailleurs sociaux et à tous ceux concernés de près ou de loin par l'éducation des élèves de pou voir intervenir de manière concertée (et non parcellisée et parfois opposée comme c'est actuellement le cas).

2. STRUCTURES.
Le collège va se partager en 7 unités pédagogiques ce qui correspond à 7 équipes d'enseignants. En réalité, il y a 6 équipes pour le collège plus la S.E.S.., mais avec la volonté de permettre l'intégration la plus grande des élèves de la S.E.S. Les 6 unités "collège" sont composées de 5 classes chacune.
Chaque unité détermine sa stratégie et adopte ses méthodes dans le cadre des objectifs généraux, mais avec la volonté de communiquer entre les différentes équipes, dans le respect de chacune d'elles. La concertation, prise sur le temps de travail, doit per mettre l'échange éventuel entre les unités pédagogiques. Les classes sont formées sur la base moyenne de 18 élèves en fonction des prévisions à la rentrée de 8283. _ Chaque équipe détermine son emploi du temps : les voeux deviennent collectifs et non plus individuels d'où négociations. Les équipes décident de l'homogénéité ou de l'hétérogénéité des groupes d'élèves dont elles ont la responsabilité. Les groupes homogènes quand ils existent ne le sont que par matière et non par classe. (ex : le groupe a de math n'a pas forcément la même composition que le groupe a de français). Il y a possibilité de passer d'un groupe à l'autre en cours d'année. En sixième, ces groupes seront constitués après concertation entre les enseignants du collège et ceux du primaire, et après une phase d'observation et d'évaluation de plusieurs semaines.

La constitution des équipes d'enseignants se fera sur la base de 2 professeurs de français, 2 de mathématique, 1 de langue. Chaque équipe désigne en son sein un responsable en fonction de ses propres critères.
Pour une meilleure connaissance des élèves et un meilleur accueil, l'échange à propos des projets concernant le C.M.2 et la sixième est indispensable. A l'initiative de l'équipe pédagogique, il pourra y avoir en plus de la simple transmission du livret scolaire, une concertation entre enseignants du primaire et du collège visant à communiquer oralement des informations psychologiques, sociales et familiales. Une harmonisation des structures de fonctionnement et des rythmes est nécessaire pour éviter un passage trop brutal entre le C.M.2 et la sixième.

ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ :

Les élèves en difficulté doivent être l'objet d'une attention particulière, c'est pourquoi des procédures d'aide seront organisées. Le soutien est supprimé sous sa forme actuelle pour être remplacé par une heure de cours aux élèves en difficulté, plus une heure d'aide pédagogique en fin de journée. L'heure d'aide pédagogique est ouverte à tous les élèves en difficulté et à tous les élèves volontaires.
L'heure d'aide pédagogique doit être assurée par tous (surveillants, enseignants, intervenants extérieurs, parents) avec un rôle éducatif avant tout. L'heure d'ai_ de pédagogique doit avoir deux buts essentiels : permettre le travail individuel d'approfondissement, remplir un rôle d'aide spécifique, de soutien individuel auprès des élèves en difficulté. L'intervention du G.A.P.P., d'une assistante sociale, du C.I.O. étant souhaitée au niveau éducatif, l'heure d'aide pédagogique peut et doit permettre ce type d'intervention. Les activités du Foyer Socio-éducatif doivent pouvoir se faire sur le temps scolaire habituel en fonction des demandes exprimées par les unités pédagogiques. _ Un temps "club" en S.E.S. en particulier doit pouvoir avoir lieu avec l'aide du Foyer, inclus dans l'emploi du temps quand cela correspond au projet pédagogique. _ Pour permettre une meilleure prise en compte des difficultés de chaque élève, chaque équipe pédagogique devra prévoir une modulation du nombre des élèves : d_ édoublements en fonction des nécessités, types de difficultés, types d'activités, emploi du temps, ventilation des services...

A la notion actuelle de programme, il semble nécessaire de substituer celle d'objectif avec la possibilité d'une ré partition dans le temps plutôt qu'une augmentation des horaires (ce pour tenir compte de la fatigabilité des élèves). Néanmoins, le problème de l'âge pour la poursuite des études ultérieures (L.E.P., Lycées...) ne doit pas constituer une entrave à la poursuite de ce genre d'expérience. Pour que les élèves ayant une évolution lente ne soient pas pénalisés, nous demandons des dispositions permettant à nos élèves un certain "retard" par rapport à la norme pour entrer en L.E.P..
Pour respecter le rythme et l'évolution de chaque enfant, l'existence d'un cycle de sixième-cinquième en trois ans reste inscrit dans le projet, mais doit rester exceptionnel.
Il est indispensable que l'équipe puisse assurer le suivi du projet qu'elle se donne.

3. SECTION D'ENSEIGNEMENT SPÉCIALISÉE.

Pour lutter sans exclusive contre l'échec scolaire, il est nécessaire de parvenir à une meilleure intégration des élèves de S.E.S. dans le collège. Dans ce but, l'unité pédagogique formée par la S.E.S. sera forcément ouverte aux autres unités. Cette ouverture doit se concrétiser par :

* l'intervention d'enseignants autre que les instituteurs C.A.E.I. et les P.T.E.P. qui y travaillent seuls actuellement. * la possibilité pour les autres unités d'utiliser les services de la S.E.S. (ateliers, locaux, actions spécifiques, élèves en très grande difficulté dans une autre uni té).

L'intervention des enseignants autres que ceux de la S.E.S. doit pouvoir se faire en particulier en E.P.S., E.M.T., dessin, musique, sans que cette liste soit exhaustive. Dans certains cas précis, ces interventions devraient avoir lieu pendant l'emploi du temps habituel des élèves, permettant simultanément une action de l'instituteur de la classe (ainsi libéré) auprès d'un élève ou d'un groupe d'élèves qui présenterait un handicap spécifique (ex : en lecture, expression orale, etc...) L'intervention des enseignants extérieurs à la S.E.S. se fera sur la base du volontariat. Les élèves de la S.E.S. doivent bénéficier de l'heure d'aide pédagogique au même titre que les autres élèves. Un temps "club" prévu à l'emploi du temps devrait permettre l'intervention des animateurs du Foyer Socio-éducatif, des éducateurs de quartier, des parents... Ce temps "club" doit forcément tenir compte du volontariat et des capacités de chacun. Des actions à caractère thérapeutique peuvent être nécessaires à la S.E.S. : l'interventions de personnes compétentes (rééducateurs...) doit donc être rendue possible. Pour permettre une action rapide des intervenants (G.A.P.P., C.I.O., assistante sociale) il serait souhaitable de prévoir leur installation à proximité de la S.E.S., voire dans les locaux de celle-ci.

4. INTERVENANTS EXTÉRIEURS.

Des intervenants extérieurs peuvent être sollicités à la demande des personnels qui en éprouvent le besoin. Inversement, une collaboration étroite est à prévoir entre enseignants et intervenants extérieurs (au niveau de la concertation, de l'évaluation...).
Le projet, pour être éducatif, ne doit pas être uniquement pédagogique. Les intervenants extérieurs doivent donc avoir les plus larges possibilités d'intervention, en tenant évidemment compte avant tout des demandes.
L'intervention des parents est plus que souhaitable, à la bibliothèque, lors des visites et sorties, mais également pendant les heures d'aide pédagogique et dans l'animation du Foyer.

5. FORMATION.

Des temps de formation sont nécessaires. Ils ne doivent pas être ponctuels ou trop disséminés dans le temps. Des actions de formations sont demandées par les enseignants au niveau des méthodes, des pédagogies, au niveau psychologique (par rapport aux levées des inhibitions). Une formation psychologique ne pourra se faire que progressivement mais elle se doit d'être complète. L'intervention de formateurs de haut niveau est indispensable.
Les temps de formation seront programmés dans le temps de manière à ne pas entraver le déroulement de la scolarité des élèves. Différentes possibilités existent :

* Prise en compte de ces temps de formation par l'équipe pédagogique.
* Remplacements par des enseignants présents de manière permanente au collège, mais n'appartenant à aucune unité en particulier (d'où création de postes).
* Interventions régulières (hebdomadaires, par exemple) dans le cadre d'un cycle de formation à prévoir dans les emplois du temps. (Cf les dispositions du rapport "De Peretti" III.A.3 : 15 jours de formation par an par enseignant).
* Il serait souhaitable que les enseignants amenés à intervenir au collège aient pris connaissance du projet avant leur venue. Une liaison entre l'Inspection Académique, le Rectorat et les enseignants concernés est donc in dispensable.

6. CONCERTATION.

Le temps de concertation doit être d'une heure par semaine pris sur le temps de travail. Les buts de la réunion de concertation sont : possibilités de rencontre avec les autres unités pédagogiques (pour résoudre des problèmes touchant toutes les unités : violence, vols, vandalisme, étude de cas d'élèves...), pour communiquer l'état des réflexions de chaque groupe, pour harmoniser des actions éducatives. La concertation doit être un moment d'analyse et de synthèse ; pour cela, il est nécessaire qu'un rapport écrit reprenne les points importants abordés au cours des réunions. Chaque équipe reste juge de ce qui doit être communiqué à l'extérieur.
Si une équipe souhaite des concertations supplémentaires, elle s'en donne les moyens. L'évaluation du projet devra être régulière et se faire avec l'aide d'intervenants extérieurs et d'organismes compétents (Université, I.N.R.P., etc...).




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