Le fil conducteur de l'Épirénées tout au long de cette année nous a conduits à réfléchir sur divers aspects et problématiques liés à la mise en place du Conseil dans une classe P.I :
1 Utilité du Conseil
On peut dire au Conseil « des choses » qu'on ne dit pas ailleurs et ces « choses » seraient si importantes qu'elles pourraient, s'il n'y avait pas le Conseil, tresser dans la classe des nœuds impossibles à démêler. Je pense à une pieuvre, toujours là, toujours vivante…Je pense à des lianes dans la forêt vierge, une jungle… Et il faut faire avec.
Dans quelle glu nous serions enfoncés sans le Conseil, toujours là, ce « trou dans l'emploi du temps » comme disait F. Oury, cette vacuole peut-être, pour en revenir à l'humain ?…
A quoi ça sert ? Peut-être à rien, comme le fait de se supporter, de se tolérer, de s'entendre et d'oser se confronter aux autres. Je lance des verbes de l'ÉPIrénées : décider, avancer, faire vivre des projets, faire vivre une classe, apprendre la parole, prendre la parole, laisser la parole, différer, s'écouter, respecter, prévoir, anticiper, avoir une place, avoir un moment pour dire…
Et d'ailleurs, est-ce que ça marche ?
Pas forcément comme on voudrait mais l'instance est là, l'institution où le possible n'est pas un vain mot, car on lui laisse une place… une chance d'exister.
Par exemple, attendre que celui qui n'a rien dit s'inscrive un jour pour dire au Conseil une proposition et qu'elle soit entendue : « J'aimerais qu'on fasse « Choix de textes » le matin… Pour avoir une récréation après. » Et que ce soit clair pour tout le monde.
2 Organisation, fonctionnement du Conseil
A quel moment fait-on le Conseil ?
Le Conseil est inscrit dans l'emploi du temps. Il est préférable que le jour, l'heure et la durée (30 min à 1 h) restent fixes. Le lundi matin et la dernière heure du vendredi sont-ils des moments judicieux ?
Où se déroule le Conseil ?
Le Conseil se déroule dans un lieu spécifique de la classe (Coin parole ou de regroupement). Les participants sont assis côte à côte, tout le monde doit se voir, personne ne se tourne le dos. Les places peuvent être fixes, établies lors des premiers Conseils. Ce lieu doit pouvoir être identifié par une affiche par exemple.
Qui préside ?
C'est celui qui le peut, c'est à dire celui qui en a les compétences : savoir respecter les règles d'un lieu de parole, ne pas être gêneur, avoir une autorité reconnue par le groupe, être impartial, savoir écouter les autres, être capable de reformuler.
Les ceintures de comportement peuvent permettre de désigner les enfants susceptibles de tenir la fonction de président. A défaut de ceintures, le maître peut désigner les élèves capables de présider. Le choix du président semble primordial, car il peut s'avérer « dangereux » de confier certains pouvoirs à n'importe qui.
Qui écrit ?
Le ou les secrétaires désignés lors du Conseil ou alors le maître.
Comment fait-on l'ordre du jour ?
L'ordre du jour est écrit avant le début du Conseil. Il donne les directions du déroulement du Conseil. Il laisse place aux inscriptions pour les diverses rubriques : Propositions, Informations, Demandes, Félicitations, Critiques. Le Conseil peut se terminer par un bilan.
Faut-il des traces écrites ?
Elles font figures de mémoire de la classe, permettent des retours en arrière. Elles garantissent les décisions prises par l'ensemble de la classe.
3 Place des élèves. Place du maître
Quelle(s) place(s) au Conseil ?
Karim se voit signifier par son maître qu'il n'a plus de place dans la classe, pour le forcer à la revendiquer et à mieux l'assumer ? A plus la respecter, se respecter, être respecté ?
Proposition de Karim, qui a toujours sa place au Conseil : « Tout le monde doit être à sa place au Conseil… »
La place, c'est primordial. On ne se place pas n'importe où, n'importe comment. Chacun doit avoir sa place au Conseil, se mettre à sa place. On doit être à sa place pour être à l'aise. Il y a des places qui font fonction.
C'est quoi un gêneur ?
Celui qui coupe la parole, qui, ne respecte pas les règles, qui bavarde…
C'est un président qui n'est pas juste…
Celui qui ne garde pas sa place…
On a le droit de s'en foutre du Conseil ?
Pourquoi ne parlent-ils pas tous au Conseil ?
Parce qu'ils n'ont rien à dire, pas confiance, qu'ils n'osent pas, qu'ils n'ont pas l'habitude, parce que ça ne les regarde pas…Parce qu'ils ont peur d'être jugés, moqués, peur de ce qu'ils peuvent dire…
Pour se faire remarquer ?
Parce que c'est dur de parler…
C'est quoi la place du maître ? Quelle différence ?
La différence, c'est le droit de véto, en tant que responsable de la classe/en tant qu'enseignant - éducateur/en tant qu'adulte.
Un maître qui ne préside pas, c'est comme un élève ? Il doit demander la parole, refuser certaines sollicitations… « Ce n'est pas moi qui préside/décide ! »
Le plus dur c'est de se taire !
Ça regarde qui ?
Ceux qui sont/font la classe.
4 Décisions du Conseil
Le Conseil est un lieu de décisions . A chaque proposition, la décision n'est pas nécessaire mais il faut une réponse (immédiate ou différée, positive ou négative).
Les décisions sont prises à la majorité. Cela permet à la classe de fonctionner, d'évoluer, de s'enrichir.
Chaque critique ne doit pas entraîner une sanction. Elle peut entraîner la mise en place d'une règle valable pour tous. Si cette règle est transgressée, il y aura sanction. La sanction viendra non à l'encontre d'un enfant mais dans le cadre du non respect d'une règle. Ce que F. Dolto exprimait par cette phrase : « Ce n'est pas un voleur, il a volé. »
Tout ne peut pas et ne doit pas se régler au Conseil ! (Par chance !) Certains conflits peuvent se régler de manière spontanée hors Conseil, d'autres en revanche nécessiteront une réaction « à chaud » puis une réaction différée lors du Conseil (et la mise en place d'une règle).
Epirénées 17 mai 2005 : Vincent B, Alexis B, Hélène J, Sandrine P, Yannick G