date : 1999
« Maîtrise… Inquiétude
Lorsque j'ai la sensation de maîtriser assez d'éléments, dans la classe, dans ma vie, dans cette formation, je suis plus à l'aise. Alors la part d'insécurité inhérente à toute situation nouvelle n'est pas importante. Il y a clairement ce qui est prévu et ce qui reste imprévu.
Quelle inquiétude parfois lorsque je dois lancer une nouvelle activité dont je ne maîtrise pas tout, quels souvenirs difficiles de certains moments passés à la Marlagne, il y a 3 ans, pour la 1ère année en PI.
Et pourtant, comme formatrice d'enseignants, il est pour moi fondamental de mettre et d'être mis en situation concrète d'apprentissage, de laisser la part essentielle à l'apprenant dans la construction des notions nouvelles. Et donc d'être dans de l'incertain.
Je vis le plus souvent dans cette contradiction, cette ambivalence, tantôt insupportable, tantôt supportable.
Quelle est donc ma place comme prof, ou comme membre d'un groupe ? Lorsque je ne sais pas exactement où on va, lorsque les rôles ne sont pas bien connus, définis, lorsque sans doute, la confiance en moi et dans les autres n'est pas claire, une tension intérieure naît en moi et l'inquiétude surgit.
D'où me vient cette « nécessité » de bien savoir, de bien contrôler (dans le sens de connaître à fond) ? Sans doute de bien loin, d'une incertitude face à mon avenir, d'une demande implicite d'être reconnue, encouragée, de la peur des sanctions…
Et pourtant des choses changent.
Dans ma vie, dans mes classes, dans cette 3eme année de stage PI, je pose un regard neuf. La mise en place de structures claires, progressivement habitées par les étudiants, m'aide à leur laisser une autre place. Et je participe à cette semaine-ci de formation, avec une aisance nouvelle. Même si des inquiétudes subsistent, même si le souci de « faire presqu'à la perfection » reste présent, ces sentiments sont dynamisants et non plus angoissants ou paralysants. Je possède des outils permettant de me décentrer, de laisser une place aux autres apprenants (en classe ou ici) et peut-être de mieux progresser personnellement ou d'aider d'autres à avancer. »
Martine Chevalier, Stage PI, 3eme année – passage à la responsabilité, RPé 1999