Ce sont deux concepts psychanalytiques évoqués par Dolto, le premier inventé par elle (surtout utilisé dans son livre sur "l'Image Inconsciente du corps"), elle qui a soutenu la création de la première école de Michel Amram et Fabienne d'Ortoli dans leurs tentatives de pratiques de la PI à l'école de la Neuville.(1)
En quoi ce concept regarde-t-il l'école?
Illustration parlante : il n'est que d'assister à la première entrée à l'école maternelle des enfants de 3 ans... ceux qui ne pleurent pas, restent l'exception... C'est souvent la première séparation d'avec la famille, et dans la plupart des cas, d'avec la mère... Première entrée dans la vie sociale...
Pour certains enfants, entre « le tout de la mère » et le « pas tout » de l'école, que devient le narcissisme de chacun et de tous ? Ou plutôt les narcissismes : les moi-nulle part; moi-maman ; moi-moi ; ou les moi-je ; ou les je frais-éclos ? le narcissisme de chacun en cours, au milieu de tous, peut-il prendre place ou pas? Prise en compte inévitable...
« Je définis le narcissisme comme la mêmeté d'être connue et reconnue, allant-devenant pour chacun dans le génie de son sexe » (F. Dolto, L'image inconsciente du corps 1984)
Dans les responsabilités partagées, Michel Exertier pose la question: « Quel soin prenons-nous de l'allant-devenant ; de ce à quoi nous avons à faire ? »
Dans une classe coopérative institutionnalisée, chacun pourrait trouver sa place, toute sa place, rien que sa place, marquée des limites institutionnelles par le conseil, les responsabilités, etc...
L'organisation de la classe en atomium, peut garantir à chacun et à tous, d'être connu et reconnu dans sa mêmeté d'être, allant devenant dans le génie de son sexe, dans les différents groupes d'ateliers et de travail, fixes ou occasionnels, à géométrie variable, répondant aux décisions du conseil... pas seulement !
Petite histoire :
Dans une classe de perfectionnement, au cours de l'atelier imprimerie, l'équipe au travail à la presse, travail exigeant moins d'attention que la composition des lignes, bavarde. Tout à coup, éclats de voix:« M'dame, Jean-Pierre y dit que mon père, c'est pas mon père, hein que c'est mon père ? ». Silence dans la classe... Arnaud rouge, furieux et ébranlé, me fixe des yeux et attend une réponse.
- « Tu te souviens, quand nous avions parlé de la conception, des caractères dominants pour le futur enfant ? De quelle couleur est ta peau?
- blanche,
- et celle de ton père ?
- noire,
- la couleur de tes cheveux ?
- blond clair,
- et celle de ton père ?
- noir et blanc, il est très frisé, crépu même !
- tes yeux ?
- bleus,
- et ceux de ton père ?
- noirs-marrons
Alors ? Ton papa que tu aimes bien, et qui t'aime bien depuis que tu es bébé, est ton papa mais pas forcément ton père, demande à ta mère ce soir, elle te le dira. »
(Après la première réunion de parents, celle-ci, m'avait dit qu'elle ne savait pas comment dire à son fils que son mari, monsieur B. n'était pas le père d'Arnaud, parti quand elle était enceinte, mais je n'ai su qu'après que M. B. était noir quand il est venu attendre Arnaud à la sortie. Tous les élèves de la classe connaissaient Monsieur B. qui venait souvent l'attendre à la sortie. D'où la facilité des réponses, du prendre soin de ). La reprise des ateliers se fit assez tranquillement jusqu'à 16h30, alors qu'Arnaud les avait interrompus violemment, de sa voix déjà très grave... et nous n'en parlâmes plus jamais...
Question aussi d'ambiance... qui n'est ni donnée... ni inscrite, mais possible...
La Pi, pour permettre à chacun d'avancer, de grandir ; garantir la place de chaque un comme dit Noelle de Smet dans « En formation d'adultes, comme en classe, je mets des cadres en place. » ou comme Michel Exertier permet à Suce-pouce de faire ses "gestes" à lui dans Chemin faisan.
Notes : 1) voir le film et le site de l'Ecole de la Neuville