COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE

SUBLIMATION

Sublimer au sens psychanalytique du terme, c'est obtenir une satisfaction pleine et entière d'un désir, tout en passant pour le satisfaire par des voies socialement reconnues.

A le formuler ainsi, on voit bien que c'est un enjeu éducatif essentiel mais aussi un défi. Car il s'agit de canaliser un désir, de le faire passer par les défilés des règles et convenances sociales, sans le « tuer ».

Par exemple, lorsquun enfant joue avec de la pâte à modeler ou encore mieux de la terre, il est en train de « sublimer ». Il trouve dans cette activité une grande satisfaction de ce désir qui a pu le pousser, avant qu'il ne sache que « cela ne se faisait pas », à jouer avec ses excréments, matière après tout digne d'être explorée, expérimentée... Il sublime aussi ce désir de maîtrise qui se fait si insistant lors de la phase anale et d'autant plus insistant que le dit « apprentissage » de la propreté est strict. Il a tout pouvoir sur cette « matière » et a en plus droit pour l'exercice de ce pouvoir à la reconnaissance de l'adulte. Il est inscrit dans une activité socialement reconnue. On notera que certains enfants, ayant sans doute eu une éducation trop rigide et ayant alors « refoulé » leur désir de toucher les excréments, et d'exercer leur emprise, vont refuser ces activités et se montrer phobiques du toucher.

Seul un milieu éducatif riche en propositions permet de relever ce défi, en offrant à l'enfant la possibilité de choisir, parmi tout ce qui est ainsi mis à sa disposition, ce à quoi il va pouvoir accrocher son désir. Certes il nest pas inutile que l'adulte ait une idée de la dimension pulsionnelle des activités qu'il propose, mais la plasticité du choix des objets permettant une satisfaction de la pulsion est telle que chacun pourra emprunter des voies diverses.

On pourrait soutenir qu'étant lieu de langage, l'école est lieu de sublimation.

Le bonbon qu'on désire ce nest pas celui qu'on réclame, qu'on obtient et qu'on déguste, c'est celui dont on parle. (mais il faut tout de même en manger un de temps en temps pour "soutenir" le désir...).

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