Avant d'être un agent de la cure analytique et un concept majeur de la psychanalyse, le transfert est une phénomène humain qui se manifeste dans toutes les relations entre individus et tout particulièrement quand ces relations ont quelque chose d'asymétrique.
Il se retrouve donc aussi dans le monde de l'enseignement où l'enseignant quand il est en place centrale, est objet d'un transfert qui peut être positif ou négatif.
Qui ne se souvient avoir par exemple aimé les maths avec tel-le enseignant-e ou détesté l'anglais avec tel-le autre ? Qui ne se souvient encore d'avoir joué la rivalité entre les parents et l'enseignant, amorçant sa première prise de distance avec les parents en remettant en cause leur savoir au profit de celui de l'enseignant ? On a pu rencontrer aussi des enfants qui ne travaillaient pas parce qu'ils refusaient « l'autorité » d'une femme ou parce qu'ils manifestaient à l'école une révolte qu'ils n'osaient ou ne pouvaient exprimer à la maison.
La pédagogie institutionnelle permet, par l'organisation de la classe, d'orienter autrement ces manifestations de transfert et d'en faire, un moteur pour les apprentissages et non un obstacle.
Le fait de mettre au c½ur des dispositifs de la classe institutionnelle la structure ternaire de la relation permet de ne pas entretenir ce transfert massif au maître mais de décliner le transfert, en transferts pluriels, dits latéraux car ils s'adressent à des pairs, et opérant par identification, par trait unaire, plus que par identification primaire. (voir l'article Identification).
Ce trait peut être le savoir, et moins massivement, tel savoir ou savoir faire dont dispose tel enfant ou encore le maître, mais ce peut être aussi un non-savoir qui va orienter le transfert "latéral", un "trait unaire" non perceptible dont est porteur celui sur qui le transfert se fait, mais avec toujours pour effet, une entrée dans les apprentissages par le chemin du désir qui a trouvé à s'investir dans la classe. On pourrait même dire que toutes les institutions de la classe institutionnelle peuvent être des « déclencheurs » de transfert.
En psychanalyse, le transfert consiste à déplacer sur l'analyste des affects ou conduites adressées, dans la période infantile aux parents ou à d'autres personnes en position parentale. Ce qui différencie la psychanalyse des psychothérapies, ce n'est pas l'existence du transfert, qui est coextensif au domaine des relations humaines, mais l'analyse de ce transfert, comme mise en acte du désir inconscient, que la cure permet. « Le transfert, c'est (...)ce qui permet de mettre en acte, de mettre en question, quelque chose du désir inconscient. » Jean Oury Séminaire de Sainte Anne, novembre 2012.