Daniel H.
La modeste contribution d'un pâtissier à l'équilibre terrestre
Voici une monographie.
Daniel H. naît à Saint-Maur-des-Fossés le 24 août 1910. Il exerce le métier de pâtissier. Suite à une révélation, il pose un acte, – Oh ! Juste une petite bombe ! – au Sacré Cœur de Paris, la nuit de Noël 1955.
Interné jusqu'à la fin de ses jours en « placement d'office » pour paranoïa dangereuse à l'hôpital psychiatrique, il y décède le 19 mars 1970. L'asile, à cette époque, n'est pas fait pour soigner : entassement, promiscuité, violence, on y garde les fous. Parfois on les observe, c'est tout.
Dans ce désordre, Daniel se débrouille. Guidé par sa mission planétaire, il lutte sans relâche pour maintenir « l'équilibre Terrestre », qui pourrait bien être le sien – c'est dire l'enjeu ! Côtoyant par nécessité les psychiatres et les infirmiers engagés dans l'humanisation de l'asile, il leur apporte, non sans humour, son témoignage vécu, qu'ils apprécient parfois. Par ses combats, et par son activité retrouvée de pâtissier professionnel, il reconquiert sa dignité. Mais l'histoire finit mal…
Qu'à l'instar de ceux de Daniel Paul Schreber, les textes de Daniel H. soient ceux d'un paranoïaque délirant, nul doute. « Soyez les secrétaires de l'aliéné » conseillait Lacan aux psychanalystes : c'est vrai, il y a tant à apprendre de ces témoignages pour aborder le monde, terriblement humain, de la psychose ! Un regret, celui d'avoir si peu connu Daniel… C'est par les écrits, les photos qu'il a laissés, par les témoignages que j'ai recueillis, que j'ai pu retracer sa vie. Sigmund Freud, et surtout Jacques Lacan, m'ont apporté l'éclairage théorique nécessaire.
par Joëlle Oury
Préface de Jean Allouch
Collection « Hermann Psychanalyse » dirigée par Laurence Joseph et Élisabeth Naneix-Gailledrat 32.00 €