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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
date : année 2006-2007

Bon sang d'bois !

Dans une classe où le maître entend pratiquer la P.I., comme il le peut, comme son chemin dans la formation le lui permet, les ceintures de comportement ne devraient être en aucun cas  une modalité d'évaluation.

Les ceintures de comportement peuvent (elles tentent de…) représenter une aide (possible, si l'élève s'y inscrit, pas si on l'y oblige) à se repérer, dans sa « croissance » vers davantage d'humanité ; c'est-à-dire dans l'apprentissage (il en faut un, ça s'appelle aussi l'éducation aux valeurs) de la fraternité, de la solidarité, de la responsabilité, de la coopération, dans un groupe où chacun se sent « bien », a envie d'être (d'en être) - c'est-à-dire à sa place, accueilli et respecté - et dont chacun se sent responsable de la bonne marche, de la « santé »1 et de l'efficacité dans sa finalité qui est d'être un groupe où chacun apprend et progresse.2

A noter que ce travail, s'effectuant dans un groupe, le groupe-classe, nécessite aussi l'acquisition du sentiment appartenance. Mais cet élan-là, aussi dynamique soit-il pour le bon fonctionnement du groupe, doit être maîtrisé (et mis sous surveillance par la vigilance du maître) car il peut dériver vers le rejet des autres n'appartenant pas à ce groupe, ce qui s'appelle le patriotisme imbécile, la xénophobie, le racisme, le hooliganisme et j'en passe…

Les ceintures de comportement ne peuvent donc pas être une modalité d'évaluation comme l'entend l'école qui n'imagine rien d'autre qu'un adulte (ou un « maître » ou des adultes) évaluant (exerçant le pouvoir d'évaluer) un élève, un apprenant, un « allant se formant ».
En P.I. il ne s'agit absolument pas de ça.

Car l'évaluation est toujours coercitive : « j'ai les moyens de TE faire apprendre, je maîtrise TES progrès, je bétonne TON chemin, j'ai un projet pour TOI, …) ».

Dire que la P.I. est la pédagogie du désir c'est dire aussi3 qu'elle est la pédagogie de celui/celle qui tente4 la mise sous haute (auto)surveillance de son redoutable (pour l'élève) désir d'enseigner.
Les ceintures, qui veulent, en Pédagogie Institutionnelle, être un dispositif médiateur (pour éviter la coercition et prendre en compte le désir de grandir5) deviennent – et c'est là un navrant paradoxe), si elles ne sont pas comprises, - coercitives.
Et si ce ne peut être, en aucun cas, le maître qui « décerne » les ceintures (d'ailleurs les ceintures ne se « décernent » pas elles se « reconnaissent »), ce n'est pas par démagogie ou crainte d'exercer le pouvoir, c'est parce qu'elles ne relèvent en aucun cas de l'évaluation.

Mais plutôt de la reconnaissance, à un moment donné, dans et par un groupe donné, d'un « niveau » (global, général, incertain d'ailleurs, attention aux items trop précis ne concernant que ce que le maître ne veut pas tolérer 6) d'acquisitions des valeurs dont les comportements ne sont que les signes.

Irène Laborde, Collectif isérois

1 Cf. le « Comment va la classe ? » rituel d'ouverture du Conseil
2 Cf . la loi zéro de la classe institutrice : « Ici chacun travaille. »
3 En tout cas moi je l'entends ainsi
4 ce qui n'est jamais complètement réussi, la maîtrise de l'inconscient est illusoire
5 et en prendre soin, car c'est très fragile le désir de grandir, il s'inhibe vite sous les pressions éducatives de toutes sortes
6 Ce qui est légitime, mais alors ayons le courage d'exercer le pouvoir en posant clairement et tranquillement certaines interdictions et/ou règles qui ne sont pas celles du groupe mais celles du maître, bon sang de bois !

 



 

 



 

 






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