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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
auteur : Claude Halmos
date : 16 février 2008

L'autorité giflée ou la loi garante des places

Transcription de la Chronique Savoir-Être, diffusée sur France Info le samedi 16 février 08. (transcrite avec leur autorisation par Michel Exertier)

La psychanalyste Claude HALMOS est interrogée par Bruno DENAES .

- L'affaire de la gifle de cet enseignant de Berlaimont, dans le Nord, a suscité beaucoup d'interrogations …

- Ce qui s'est passé est  vraiment un symptôme de ce qui se passe dans notre société. Le symptôme du fait que plus en plus de jeunes ont des difficultés à respecter les règles de vie. Il faut bien prendre la mesure du problème n'est-ce pas, car traiter un prof de " connard", comme cela s'est passé dans ce collège, ce n'est pas simplement une faute de politesse.

Un jeune qui dit çà, dit, par cet acte, très  probablement et très exactement qu'il ne sait pas quelle est sa place d'enfant ou d'adolescent par rapport aux adultes, ni sa place d'élève par rapport aux enseignants.

- Pourquoi ne le sait-il pas?

- Parce que c'est quelque chose qui s'apprend par l'éducation, ce qui suppose une vigilance des parents et une autorité de leur part dans le quotidien et dès le plus jeune age de l'enfant ; parce que l'enfant  essaye toujours de se mettre aux places qui ne sont pas les siennes en s'occupant de ce qui ne le regarde pas dans la  maison, en allant dans le lit de ses parents, etc. etc.. Donc il faut lui interdire de le faire et  lui expliquer que, dans une société civilisée, eh bien chacun a une place, que la loi garantit ces places et que, en cas de dérapage, il faut que des adultes extérieurs à la famille posent des actes qui  permettent à l'enfant de resituer ce qu'il n'a pas compris.

- A votre avis, ce qui s'est passé dans ce collège peut-il aider cet élève à comprendre ?

- Je ne crois pas que cela puisse l'aider, car pour qui'l comprenne il aurait fallu que le chef d'établissement qui est garant de l'ordre, remette immédiatement les choses en place. c'est-à-dire qu'il convoque tout de suite l'élève et l'eneignant. Qu'il signifie à l'élève qu'il avait fait une double faute : un qu'il avait injurié quelqu'un, ce qui est interdit, et en plus que cette personne était un professeur et que donc il irait en conseil de discipline et qu'il serait sanctionné.

Mais il aurait fallu qu'il dise aussi aux deux, que la violence et l'injure avaient provoqué une réaction violente du professeur, que cette réaction était tout à fait compréhensible mais que ce type de réaction est interdit, par sa fonction à un enseignant, et que ce professeur aurait donc une sanction administrative.

- Donc vous pensez qu'il ne fallait pas en plus envoyer le professeur en justice ?

- Je pense que c'est aberant et terrible pour le professeur, mais que cela est encore plus terrible pour l'élève car c'est comme si on lui disait qu'il est un petit roi qui a tous les droits et que la loi est là, non pas pour le sanctionner parce qu'il transgresse des interdits, mais pour le protéger s'il fait n'importe quoi.

Cela ne peut que l'inciter à continuer ...

 




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