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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
date : déc 2008

PHARES ET BALISES

Quelques remarques que je me fais, à haute voix, sur la situation actuelle de la PI, en cette période où il se passe des choses. Il s'agit-là d'un pense-bête, à peine construit.

J'essaie de poser quelques points de repères pour penser.

  1. Que reste-t-il des prises de position initiales de Fernand et du mouvement ?

Au final, je ne trouve dans les propos de Fernand que peu de traces

- d'une volonté d'intégration, de reconnaissance par la Pensée pédagogique officielle. ("Heureuses fissures et contradictions de l'Ecole, qui nous permettent de faire";

- d'un espoir de transformation/amélioration du système; tout au plus une antinomie ("Changer le métier ou changer de métier?");

- d'une possibilité de régénérescence de la Théorie par l'apport de la PI aux Sciences humaines ("nous en sommes à la préhistoire").

Le coeur de la position de FO/ GET était la "question fondamentale": qu'est-ce qui fait que la PI produit de la transformation? (en l'occurrence soigne). Qu'en reste-t-il?

Quelles sont les positions affichées sur ces points par les tenants de la PI? Les silex se sont sacrément émoussés et la confusion s'est installée ; les copinages de pensée aussi. Inceste social.

  1. 2. Autonomie de pensée ou mimétisme. Transfert travaillé ou amour du chef.

Oui, je crains qu'il y aient les laudateurs de Fernand ou ceux qui le répètent au point de le singer, ceux qui l'instrumentalisent, également. Il y en a d'autres qui se disent que la PI, c'est l'élaboration d'un point d'appui pour survivre dans ce métier et essayer de ne pas abdiquer trop vite sa faculté de penser et d'être libre et responsable tant soit peu. Et que cela passe par la nécessité de se sortir de l'attrait puissant -mais si commode ! - exercé par Fernand et Jean OURY ( "sans reniement no allégeance, l'amitié demeurant" , disions-nous).

Et c'est en quoi "la PI" m'a toujours intéressé; comme travail de dé-adhérence; Transfert et non suggestion. Lucidité (sur son propre dédir d'y travailler et non fascination adulatoire. C'est sa dimension politique = comment s'"ensembler" de façon non captatrice. C'est ce que j'ai reproché à  Fernand : n'avoir jamais mis au travail cette question au sein des GET alors que je croyais naïvement qu'elle était au coeur de la PI d'alors.

Alors, l'humain, ensemble, comment ? La réponse, POUR MOI, se situe à l'intersection  du mot soliDaire avec le mot mot soliTaire; dans cet petit écart lucidement assumé;  bien plus qu'une simple différence de consonne, écart pas forcément drôle comme gîte. 

C'est pourquoi cette "définition" de la démocratie par RANCIERE me va très bien :

« La /PI/ est nue… Elle n'est fondée dans aucune nature des choses et n'est garantie dans aucune de forme institutionnelle. Elle n'est portée par aucune nécessité historique et n'en parte aucune. Elle n'est confiée qu'à la constance de ses actes.

La chose a donc de quoi susciter de la peur, donc de la haine chez ceux qui sont habitués à exercer le magistère de la /PI / pensée. Mais chez ceux qui savent partager avec n'importe qui le pouvoir égal de l'intelligence, elle peut susciter, à l'inverse, du courage, donc de la joie ».

Elle n'est pas neutre politiquement. Elle suppose que chacun soit au clair avec son affaire; elle illustre très bien ce "pour rien" que Jean OURY -et d'autres- situe au coeur de la chose.
 

  1. La mono-manie graphie comme symptôme.

Parfois, je me demande si les PI.stes ne sont pas atteints du symptôme de mono-manie s'agissant de leur seul horizon : faire des mono-graphies,

Encore et toujours cette idolâtrie inconsciente envers pour Fernand  et ce mimétisme envers la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle munies de leur aura thérapeutique?

 
Les PI.stes, quoiqu'ils en disent, en sont restés au(x) GET et, surtout, à la dimension thérapeutique de la PI. Au point que la dimension "enseignement" soit absente; au point que la plupart des monos produites fassent penser à une couvade et que l'analyse des déterminations du système et de la logique étatique dans la classe soit, elle aussi, absente.

J'en veux pour preuve (!!!???!!!), le fait que le mot d'ordre, le signifiant-maître retenu, remâché, servi à toutes les sauces par les uns et par les autres, qui caractérise la PI dans les médias.

Ce dont s'est emparé la PI comme les médias, c'est le Désir, -avec  lequel on caractérise, en toute irresponsabilité, la PI de Fernand (PAIN, MEIRIEU, Le PIG, etc) et non cet avertissement d'Aïda : besoin comblé, désir perdu, pourtant autrement plus urgent au plan d'une politique éducative responsable.

On mesure chaque jour les résultats de l'oubli du rappel incessant de cette nécessité de "barrer" le sujet . Et le discours tenu par les PI.stes est coupable à cet égard : fait-il autre chose que de contribuer à cette publicité généralisée du Désir, productrice d'infantilisation meurtrière?

Avons-nous su déjouer les pièges du discours publicitaire, mobilisant le principe de plaisir, qui tient lieu de pensée éducative et qui constitue le levier essentiel de l'action politicienne des Maîtres au pouvoir?

Michel EXERTIER (19 nov-déc 08)




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